Pierre Fauveau, dirigeant de la marque de luxe presque centenaire Henry Jullien a répondu aux questions de Lunettes Originales ! Découvrez les secrets des lunettes fabriquées dans le Jura dans cette interview exclusive.
L’entreprise a été créée en 1921 par Henry Jullien, mon grand-père. Cette entreprise familiale a commencé à Morez avant de s’installer en 1935 à Lons-le-Saunier, toujours dans le Jura.
Aujourd’hui, la marque est internationalement connue : elle est présente dans une soixantaine de pays dans le monde, à des endroits très divers – Europe, Moyen-Orient, pays de l’Est, Amérique…
Grâce à notre maîtrise totale du processus de fabrication et aux matériaux que nous utilisons, nous sommes positionnés dans le haut de gamme. L’histoire moderne de la marque débute vers la fin des années 1960 et le début des années 1970. A l’époque, la marque s’est distinguée par le fait qu’elle a été la dernière marque au monde à fabriquer des lunettes en doublé or laminé.
Cette technique date de la fin du XIXè siècle. Elle permet de fabriquer des montures protégées contre la corrosion et les vicissitudes du temps qui passe.
Le doublé or laminé est une matière noble qui comprend une grande proportion d’or.
En 1978, le prix de l’or a drastiquement augmenté. Tous les fabricants de lunettes en or laminé ont cessé ce procédé, sauf Henry Jullien. Nous avons fait passer la qualité et la noblesse du matériau avant la rentabilité. Aujourd’hui encore, notre marque bénéficie de la réputation haut de gamme acquise durant cette période.
© Henry Jullien – Modèle Fairplay en doublé or laminé
En 1993, nous avons commencé à travailler l’acier inox de qualité chirurgicale avec une collection de percées, Melrose, qui existe toujours et évolue régulièrement. En 2010, ce sont les lunettes en acétate Urbaines qui ont vu le jour.
Mais elles sont aussi modernes. Nous suivons la mode de manière générale. Si la tendance est aux lunettes carrées, nous en ferons, mais sans nous départir de la fameuse griffe Henry Jullien qui distingue nos montures de toutes les autres.
Ma collection préférée est Urbaines, une gamme en acétate et métalloplastique.
Nous avons trois sous-collections :
- Signatures, une collection en doublé-or laminé qui reflète l’histoire d’Henry Jullien.
- Contemporaines, une série de montures en acier inox très moderne et bien intégrée dans le marché actuel des lunettes.
- Urbaines, des lunettes conçues pour les villes. La mode du plastique a débuté à Paris avant de s’étendre aux grandes villes. La mode n’est pas pareille de partout au même moment. Aujourd’hui, dans les grandes villes comme Paris ou Lyon, les opticiens vendent près de 80% de modèles en acétate. C’est pour répondre à cette demande citadine que nous avons créé cette collection.
Dans la gamme Signatures, j’aime particulièrement le modèle Story. J’en porte moi-même une paire ! Il s’agit d’une monture pantos en doublé or laminé vraiment magnifique, l’une des plus belles du marché.
Toutes les collections pour le Silmo* sont prêtes. Elles seront orientées plastique, métal, métalloplastique… Nous entendons couvrir toute la gamme de demande, tout en conservant les caractéristiques Henry Jullien, comme nos charnières sans vis, le choix du décor ou l’association des matériaux.
© Henry Jullien – Modèle Ellege 04
La gestation d’une monture prend entre neuf et douze mois, selon la complexité du modèle.
Nous sommes obligés de nous y prendre tôt et c’est là toute la difficulté mais aussi la « noblesse » de la création.
Nous devons « être dans le coup » plus de neuf mois avant les événements ! La création doit être en avance pour être à l’heure.
Actuellement, nous sommes déjà en train de travailler à la conception de nos modèles pour le Mido* 2017 ! Nous retardons au maximum le moment où nous devrons figer la création, mais il faut néanmoins arrêter une décision afin d’être prêts à temps.
*Le Silmo et le Mido sont deux salons professionnels qui rythment le calendrier de la création chez les lunetiers.