Lunettes Originales a rencontré Caroline Abram, un moment privilégié durant lequel la créatrice a partagé sa passion des lunettes. Un très bel hommage pour l’accessoire, mais également pour les personnes qui le porte…
Je ne veux pas que les lunettes se voient plus que la femme qui est derrière. Je souhaite habiller la femme, peut-être un peu timide, pour lui permettre de se sentir bien avec des choses plus extravagantes. Je veux qu’on la voie, qu’elle se sente belle. Pour moi, l’important est que la femme se sourie lorsqu’elle se regarde dans le miroir, qu’elle se plaise davantage avec ses lunettes que sans. La monture doit être considérée comme un atout : elle permet de tricher en cachant les cernes, d’apporter une lumière incroyable au visage… C’est un accessoire à part entière, comme une paire de chaussures ou un sac à main !
C’est tout simplement une passion, ça correspond à ma personnalité. Tout le monde s’est toujours moqué de moi car depuis toute petite je recherche la coordination. Je n’ai jamais suivi une tendance pour la suivre. J’ai bien sûr probablement été influencée inconsciemment – nous le sommes tous par les images que nous voyons au quotidien – mais j’ai toujours eu mon propre style.
J’achète aussi bien des pièces haut de gamme que des pièces moins chères, je peux porter une paire de Stan Smith comme une robe très élégante, des vêtements moulants comme évasés… J’aime jouer à la fille ! J’ai toujours été très attirée par les années 60. Les femmes ressemblaient à des poupées, elles étaient toujours bien coiffées et habillées, elles portaient des couleurs chatoyantes, des bustiers… La carte de la féminité était jouée à fond ! Mon attrait pour le face-à-main vient d’ailleurs de cette époque. Il est associé à un geste plein d’élégance derrière lequel se trouve une véritable appréhension de l’objet accessoire.
Mon souhait est que les lunettes aident les femmes à se sentir mieux dans leur peau. Et pareillement pour les enfants d’ailleurs… Ces bouts de chou doivent faire face à l’a priori de leurs parents, souvent déprimés à l’idée de les voir porter des lunettes. Ils sont également soumis aux moqueries de leurs camarades d’école, le cliché habituel que tout le monde connaît… J’ai dessiné des lunettes qui sont en rapport très étroit avec la collection adulte, l’objectif étant de sublimer toutes les frimousses tout en veillant à préserver les traits de l’enfance.
Je me souviens d’une petite fille qui venait d’acquérir des lunettes Caroline Abram, elle était tellement heureuse ! Lorsqu’elle est arrivée à l’école, toutes ses camarades de classe l’ont admiré et ont voulu prendre rendez-vous chez l’ophtalmologiste. C’était comme si j’avais vendu des chaussures à talons : elle avait un objet qu’elle désirait absolument. C’est ce genre de situation que je veux créer. On ne doit plus se moquer de ces petites filles qui portent des lunettes… elles sont tellement jolies !
En tant qu’opticienne, j’adore acheter des lunettes ! J’admire le travail des marques qui m’étonnent toujours par leur créativité. Découvrir leurs nouvelles collections est un véritable plaisir… C’est comme aller faire du shopping et être surprise à chaque rayon.
En ce qui concerne le métier de designer, j’aime le moment très excitant où je sais que je touche quelque chose pour une nouvelle collection… Ensuite, je me lance !
Un enthousiasme toujours croissant de la part des opticiens qui achètent mes lunettes ! Tout ce que je souhaite c’est de pouvoir les surprendre autant que j’aime être surprise. Lorsque je conçois mes collections, je me projette vraiment, j’essaye de me mettre à la place de l’acheteur et de me demander si c’est assez. On se plaint souvent que je propose trop de choses ! Moi, en tant qu’opticienne, ça m’exciterait ! Je suis une femme après tout, j’aime avoir le choix ! (rires)
Crédit photo : Caroline Abram